Retrouvez l’interview au Télégramme donnée par Thomas Couturier, président de la CPTS sur la santé des soignants

26 Sep 2023

À Quimper, « la santé des soignants se détériore », observe le docteur Thomas Couturier

 

Dans son interview donnée au Télégramme, le 14 septembre

Ce jeudi soir, la Communauté territoriale de santé du pays de Quimper fait sa rentrée. Et elle s’est déjà fixé une priorité : la santé des soignants. Pour quelle raison ? Réponse du docteur Thomas Couturier, président de la structure.

Présidée par le docteur Thomas Couturier, l’Union pour la santé en pays de Quimper a été créée en 2018. Depuis mars 2021, elle est reconnue comme Communauté Professionnelle Territoriale de Santé.

(Photo d’archives/Le Télégramme)

 

Pouvez-vous nous rappeler la mission de la Communauté professionnelle territoriale de santé ?

C’est une structure associative touchant des fonds de la CPAM, pour aider à l’exercice professionnel. La CPTS n’est pas effecteur de soins mais facilitateur du soin. Elle a trois missions principales et deux optionnelles. La première, c’est le soin non programmé et l’accès au médecin traitant. La deuxième, ce sont les parcours de soins. La troisième, la prévention. En option, on a la qualité des soins et le soutien aux professionnels de santé.

 

Qui fait partie de cette communauté ?

C’est une association de professionnels de santé, quels qu’ils soient (médical, médico-social et social) associé aux patients. Et chez les soignants, on accueille aussi bien le libéral que les professionnels issus de la fonction publique. C’est vraiment une association ayant pour objectif de représenter les professionnels de santé dans leur ensemble. On a décidé de le faire parce que, que l’on soit du public ou du libéral, on a tous le même objectif : prendre en charge les patients.

 

Ce jeudi soir, la CPTS fait sa réunion de rentrée, sur le thème de la santé des soignants. C’est vraiment cela, la priorité du moment ?

Oui, car la santé des soignants se détériore chaque année. C’est vrai à l’hôpital, mais également en libéral. Une étude du ministère de la Santé a été faite dernièrement : 63 % des soignants estiment que leur état de santé n’est pas bon ; 53 % donnent une note inférieure à 7/10 concernant leur vie actuelle ; 71 % estiment que le niveau de stress lié à l’activité professionnelle est supérieur à 6/10 ; 77 % estiment ne pas dormir suffisamment ; 14 % indiquent ne pas avoir de médecin traitant, ce qui veut dire que les soignants sont les plus mal soignés. Et seulement 11 % des professionnels de santé qui y ont accès jugent que leur dernière consultation auprès de la médecine du travail a eu un impact positif.

 

Comment ce mal-être se reflète-t-il ?

Par des arrêts, plus nombreux qu’avant. Aujourd’hui, plusieurs professionnels de santé, qu’ils soient kinés, médecins, infirmiers, pharmaciens, sont en arrêt sur le territoire… Ce sont aussi, tout simplement, des déplaquages ; des gens qui arrêtent et qui s’orientent vers autre chose.

 

Pourquoi une telle dégradation ?

Il y a une mainmise de l’administratif sur la santé, qui essaie d’organiser et parce qu’il faut faire des économies. La santé est considérée comme une dépense. À l’heure actuelle, il y a donc une vraie perte de sens des professionnels de santé. Ensuite, plusieurs éléments entrent en ligne de compte : le vieillissement de la population touche tant les professionnels que les patients. Ce qui fait qu’il y a de moins en moins de professionnels de santé et de plus en plus de patients. Il y a aussi le fait que les patients, qui n’ont pas forcément de médecin, se retrouvent dans une situation où ils n’ont plus accès aux soins. Cela entraîne des complications pour eux et ils ne comprennent pas que les professionnels de santé ne puissent pas répondre à la demande.

 

Comment y remédier ?

Comme pour une prise en charge médicale : il faut traiter le symptôme. C’est ce qu’on essaie de faire en mettant en place des actions auprès des professionnels pour essayer d’améliorer leur santé. Mais également, par la nécessité de reconnaissance, de la part des institutions, des difficultés rencontrées par les professionnels de santé. Or, à l’heure actuelle, les institutions ne les reconnaissent pas.

 

Il y a donc un manque d’écoute ?

Il y a une absence de prise en compte des difficultés car il y a une telle pression de la part de la population sur l’accès aux soins que les soignants sont envoyés au « casse-pipe » systématiquement pour essayer de répondre à des injonctions politiques (…). La population doit comprendre qu’on est du même côté. On a beau essayer de faire au mieux, on ne peut pas toujours tout faire (…). Il faut rappeler aux patients que si leur professionnel de santé craque, ce sont, en moyenne, 1 000 patients qui perdront un médecin.

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